Thomas Sankara : 37ème anniversaire d’un héro

Thomas Sankara : Le Visionnaire de la Révolution Africaine
Thomas Sankara, surnommé le « Che Guevara africain », reste une figure emblématique de la lutte pour la souveraineté africaine, la justice sociale et l’émancipation des peuples opprimés. Né le 21 décembre 1949 à Yako, au Burkina Faso (alors Haute-Volta), et assassiné le 15 octobre 1987, Sankara a dirigé la révolution burkinabè avec une vision radicale et inspirante. En seulement quatre années de pouvoir, il a marqué l’histoire de l’Afrique et du monde par son audace, son intégrité et ses réformes novatrices.
Une jeunesse marquée par la quête de liberté

Thomas Sankara est né dans une famille modeste. Très jeune, il s’engage dans l’armée, un choix qui lui ouvre les portes de l’international. Il bénéficie de formations au Madagascar, au Maroc et en France, où il découvre les idéaux marxistes et révolutionnaires qui façonneront son engagement. Ces expériences le sensibilisent également aux enjeux de la domination coloniale, de l’impérialisme et de l’injustice sociale, des thèmes qui nourriront sa vision politique pour son pays et pour l’Afrique en général.
L’avènement de la révolution burkinabè
Le 4 août 1983, à la suite d’un coup d’État, Thomas Sankara prend la tête de la Haute-Volta, qu’il rebaptise Burkina Faso, signifiant « le pays des hommes intègres ». Dès son accession au pouvoir, il lance un vaste programme de réformes sociales, économiques et politiques. Ce programme, inspiré par ses convictions révolutionnaires, visait à rendre le Burkina Faso auto-suffisant, à libérer son peuple de la domination néocoloniale et à redonner la dignité à chaque citoyen.
Les réformes audacieuses de Thomas Sankara
Sankara a engagé des réformes profondes dans presque tous les domaines, avec un accent particulier sur la justice sociale, l’émancipation des femmes et l’indépendance économique.
- Auto-suffisance alimentaire : Convaincu que la dépendance alimentaire est un frein à l’indépendance politique, Sankara encourageait l’agriculture locale et la consommation de produits nationaux. Sous sa direction, le Burkina Faso a atteint l’autosuffisance alimentaire en moins de quatre ans, grâce à des réformes agraires radicales.
- Lutte contre la corruption : Sankara menait une guerre acharnée contre la corruption, dénonçant publiquement les élites qui s’enrichissaient au détriment du peuple. Il réduisit les salaires des fonctionnaires, dont le sien, et interdit l’usage des voitures de luxe pour les responsables gouvernementaux.
- L’émancipation des femmes : Il fut l’un des premiers dirigeants africains à promouvoir les droits des femmes de manière aussi active. Il interdit la pratique des mutilations génitales féminines, la polygamie, et incita les femmes à prendre part au développement économique du pays. Il nomma également des femmes à des postes de responsabilité dans son gouvernement.
- Lutte pour la santé et l’éducation : Sankara lança des campagnes de vaccination à grande échelle, luttant contre les maladies comme la polio et la rougeole, et investit massivement dans l’éducation. Sous sa direction, le taux d’alphabétisation a connu une hausse remarquable.
- Souveraineté nationale et anti-impérialisme : Sankara rejetait toute forme d’asservissement politique ou économique. Il s’opposait aux institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale, qu’il accusait de maintenir l’Afrique dans une dépendance structurelle. Il prônait l’annulation de la dette africaine, qu’il qualifiait de « dette odieuse », contractée au profit des anciennes puissances coloniales.
Un leader panafricaniste et internationaliste
Au-delà des frontières du Burkina Faso, Sankara militait pour l’unité africaine et le panafricanisme. Il croyait que la libération totale du continent passait par la coopération entre les nations africaines, sans l’intervention des puissances étrangères. Il soutenait également les mouvements de libération en Afrique du Sud contre l’apartheid, en Namibie et en Angola, parmi d’autres.
Sur la scène internationale, Sankara était un défenseur farouche des opprimés et un critique virulent de l’impérialisme. Dans son célèbre discours à l’ONU en 1984, il dénonçait l’exploitation du Sud par le Nord et appelait les pays du tiers monde à s’unir contre la domination économique occidentale.
L’assassinat de Sankara et son héritage
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’État orchestré par son ancien camarade Blaise Compaoré, qui a pris le pouvoir et dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans. Ce coup fatal à la révolution burkinabè a mis fin brutalement à une expérience unique en Afrique.
Cependant, l’héritage de Sankara reste vivant. Ses idées continuent d’inspirer les mouvements de jeunesse, les militants pour la justice sociale et les défenseurs de la souveraineté africaine. À travers ses discours, ses réformes et son engagement sans faille, Thomas Sankara demeure un symbole intemporel de l’intégrité, de la lutte pour l’indépendance et de la quête d’un avenir meilleur pour l’Afrique.